Beaumesnil, le jardin

Les 24 et 25 septembre 2011 s'est déroulé à Beaumesnil, dans l'Eure, le festival des 1001 légumes.

Plus qu'un festival à proprement parler, il s'agissait de faire découvrir au public le potager conservatoire dans lequel l'association 1001 légumes cultive certaines espèces rares dans le but de sauvegarder la diversité biologique.
Il y avait une petite allée où quelques artisans locaux présentaient leurs produits et j'en ai goûté certains, des conférences et un spectacle pour les enfants, mais ce sera l'objet d'un autre article, car je préfère vous parler de ce jardin d'abord.

Le jardin conservatoire de Beaumesnil est situé sur le côté du château, dont on voit les toits dans le fond en parcourant les allées.


Le choix qui a été fait est le jardin en carrés. Le principe du potager en carrés, c'est de cultiver plusieurs espèces sur une surface réduite. Ici, des rectangles ont été séparés en six cases distinctes comportant chacune une variété différente. Les carrés sont un peu surélevés par rapport au sol où on circule et délimités par des cloisons en bois.

Ouvert depuis à peu près trois ans,le potager conservatoire de Beaumesnil abrite plusieurs centaines d'espèces de légumes différents. Lorsque nous regardons les pauvres rayons de nos supermarchés, il est évident que ceux qui ne se pourvoient que dans ces endroits manquent quelque chose.
Pas de variétés hybrides conçues pour résister aux maladies mais ne peuvent pas être reproduites dans ce jardin, mais des légumes qui produisent des semences qu'on peut utiliser les années suivantes. Ce jardin est dans l'esprit des jardiniers traditionnels.


En parcourant ces allées, on redécouvre ce que nos grand-pères cultivaient. Les deux miens avaient de fort beau potagers et vergers et je regrette vraiment que mes parents dans leur désir de se simplifier la vie aient renoncé à cette richesse et vendu ces endroits.


Lorsqu'en plus de les voir, on veut manger ces légumes produits près de chez soi sans pesticides, parallèlement au conservatoire, un abonnement annuel à des paniers hebdomadaires a été organisé pour les habitants du pays de Risle-Charentonne, comportant des légumes cultivés dans le respect de la nature au même endroit.
Renseignements pratiques sur 1001 légumes, ici.

Treize Saints

Un dimanche où je me serais ennuyée à la maison, j'ai décidé d'aller dans le département voisin, l'Orne. J'avais projetée cette visite depuis quelques temps et j'étais curieuse de l'endroit puisqu'il s'agit d'un lieu fréquenté par mes ancêtres normands. L'un d'entre eux y est même né.

Treize Saints. On pourrait se demander qui sont ces treize saints dont aucun n'a laissé son nom à l'église du lieu, consacrée à Notre Dame. En consultant les Archives Départementales de l'Orne, on remarque plusieurs façons de l'écrire, dont Tiersaint et Treze Saints. Par contre, la mention, en 1454 par les clercs de l'église de Sées, de "Tredecim Sanctis" tient sans doute plus du calembour que de la vérité. Ils avaient de même traduit Sannois par Centum Nuces...

Ce qu'on voit en premier lieu en arrivant à Treize-Saints, c'est le viaduc de la voie ferrée. Difficile de le manquer, il enjambe tout le village et je ne vous le montre pas. Ce qu'on voit le moins, en revanche, c'est cette chapelle, cachée sous les arbres, à l'emplacement où se trouvait jadis l'église Notre Dame, livrée à la pioche des démolisseurs à la fin du 19ème siècle, comme beaucoup d'autres jugées inutiles.
 


Il faut dire que Treize saints n'était pas très peuplé. Au moment de la naissance de mon ancêtre en 1812, le nombre d'habitants était de 75.

Ce calvaire était-il déjà à un carrefour ou bien s'agissait il de la croix monumentale du cimetière qui entourait Notre Dame ?
Les travaux du viaduc ont du chambouler tout le paysage de cette petite commune devenu depuis 1822 un hameau de Batilly, mais la croix a été épargnée.
Je n'ai pas pu consulter le cadastre, indisponible, et les anciennes cartes ne donnent pas suffisamment de détails.
Au temps de la féodalité, Treize Saints était un tiers de fief de chevalier. La seigneurie se composait d'un manoir, d'une ancienne motte, d'une prison, d'un colombier, de jardins, d'un moulin à blé, d'un étang, de pêcheries, prairies et terres labourables, de bois, bruyères communes et garennes, rentes en grains, oeufs, oiseaux, corvées et services.
Des bâtiments, il reste une aile du manoir, qui est une résidence privée et une partie du mur d'enceinte et de la porte du domaine.
En 1701, Treize-Saints avait le privilège d'avoir son maître d'école, ce qui était exceptionnel et il y avait 84 communiants, mais en 1708, il avait disparu et c'est le curé qui se chargeait de l'instruction des enfants.
Madame de Tilly, dernière héritière de la terre de Treize Saints est morte le 27 vendémiaire de l'an 9 sans avoir eu d'enfants. Parmi ceux qui étaient sur son testament, des cousins, mais aussi ses domestiques, proportionnellement au temps qu'ils avaient passé à son service. Jacques Quandieu, le jardinier, a ainsi pu acquérir 12 ares à proximité du logis de Treize Saints. En 1810, le manoir fut vendu et seule une aile fut conservée. De même, l'avenue fut abattue et le parterre transformé en herbage. Mais revenons à notre chapelle.


Construite par les habitants, révoltés de la destruction de leur église, on peut y voir une statue de la Vierge polychrome, ainsi que  Saint Joseph et une femme en armure entouré du drapeau bleu à fleurs de lys qui représente probablement Jeanne d'Arc.
La chapelle est toujours entretenue par des bénévoles et fleurie.
La fresque sous l'autel représente l'histoire de Sainte Barbe, et c'est ce qui m'intrigue le plus.

Barbe est née païenne, en Turquie, à un endroit qu'on pourrait situer proche d'Izmit, mais les avis divergent sur ce point autant que sur la date, habituellement située autour du 3ème siècle. Elle était si belle que son père, Dioscore, l'enfermait dans une tour pour la protéger des regards. Il lui trouva un mari, qu'elle refusa, voulant vivre une vie de perfection. Il partit en voyage et s'affaira à lui trouver un autre parti, mais elle refusa une seconde fois et se déclara chrétienne, disant que son désir était une union mystique avec Dieu. L'histoire étant venue aux oreilles du préfet Martinianus, elle fut condamnée à être décapitée.

A la suite de son supplice, son père fut frappé par un éclair et réduit en cendres. De la à y voir la raison pour laquelle Sainte Barbe est invoquée contre la foudre, il n'y a qu'un pas. En 1529, elle devient la patronne des artilleurs et au fur et à mesure des évolutions, celle des pompiers, des mineurs et des carriers.
La légende de Sainte Barbe, inspirée de celle de Danaé, a introduit dans cette religion la virginité comme condition de la participation des femmes au culte.

La question que je me pose encore au sujet de cette chapelle est la suivante, qu'est ce qui a bien pu motiver le choix de Sainte Barbe par les habitants de Treize Saints ?

Généalogie normande


Pas de tableaux avec des ascendances et des alliances, je fais déjà ça sur un autre site dont c'est le seul but. Ici, je me promène.
J'aime aller sur les lieux où j'ai trouvé mes aïeux, prendre des photos, imaginer qu'ils ont marché avant moi dans ces chemins et penser à chacun d'eux, tour à tour, selon les endroits que je visite.
Ils ont vécu là où je passe et je leur dédie ces instants.

En fait, à l'exception du département dans lequel je vis, j'ai des ancêtres dans tous les autres départements normands.
L'intérêt de la généalogie, c'est de s'apercevoir que l'on n'est pas ce que l'on croyait. Ça permet de développer une tolérance exceptionnelle à l'égard des autres.

J'ai dit haut et fort que je n'étais pas normande avant de découvrir qu'un "Parisien" marié à Pontoise pouvait être né dans l'Orne et avoir au dessus de lui toute une lignée de Normands, dont les premiers ont débarqué... en même temps que Rollon.

Barquet fleuri

Je vous ai déjà montré cette route en automne. La voici au printemps. Nous sommes en avril et les feuilles apparaissent sur les arbres. Ils n'en ont pas encore tous, mais on les sent déjà bien verts, prêts pour une nouvelle saison.

Des biches, des chevreuils, des sangliers et des grenouilles traversent régulièrement ici et je suis toujours prudente car n'importe lequel peut arriver tout courant (pas les grenouilles, évidemment), dissimulé par les arbres et c'est toujours stressant.
Les grenouilles sont souvent deux. L'une faisant diversion, l'autre essayant de barrer la route. Parfois plus. Le plus sage est de s'arrêter et d'attendre qu'elles aient fini leur numéro. Il m'est même arrivé de descendre pour les faire traverser.

En sortant du bois de la Vacherie, on devine une éclaircie. Le jaune éclatant entre les arbres trahit la présence d'un champs de colza. Il est en fleurs partout dans l'Eure. Il a peu à peu remplacé les betteraves depuis la fermeture de l'usine de la Générale Sucrière à Nassandre. La rotation des bennes remplies à ras bord aurait coûté trop cher pour emmener les betteraves jusqu'en Seine Maritime. Je ne me plains pas du changement. Non seulement les routes sont plus propres, on ne risque plus d'être bloqué par un convoi de betteraviers, mais en plus, c'est joli.


Le champs est très grand, même si je n'en montre qu'un petit bout. Là, le temps était clair, mais lorsque la pluie menace, le contraste est saisissant. Nous ne sommes pas loin de la Risle, dans le pays d'Ouche, entre Le Neubourg et La Ferrière sur Risle.

Sénéchal de Normandie

Le document que vous allez découvrir ci-dessous est la copie d'une charte signée au château de Falaise, en Normandie, par Raoul Tesson, sieur de Lonlay, fils de Jourdain Tesson.



Par cette charte, Raoul Tesson, qui se nomme lui même Raoul de Lonlay (Radulphus de Lonleio) ratifie une donation faite par Gervais de Lonlay, prêtre, et Guillaume Lamire, de la moitié de la dîme entière de tout son fief de Lonlay, tenu de ses ancêtres, en présence de Jean Mansel, Roger de Fontenay, G.Pointel, Richard le Veneur, Gautier, abbé de Falaise, Robert de Quesnay et de plusieurs autres.
Raoul était généreux. Les richesses de la famille Tesson étaient si grandes qu'on disait de son vivant que sur trois hectares normands, deux lui appartenaient.

En 1188, il fonde le prieuré de la Colombe, dans la Manche. En 1190, il siège à l'échiquier de Normandie et fait partie de l'entourage de Richard Coeur de Lion. En 1201, il est nommé sénéchal de Normandie par Jean sans Terre, héritier du trône d'Angleterre.

En 1204, il se range aux côtés de Philippe Auguste, roi de France. Le 13 novembre 1205, il est à Rouen pour faire état des relations entre le clergé et les Plantagenêts. Jean sans Terre ne lui pardonne pas son choix et lui confisque tous ses biens en Angleterre.

Peu lui importe, il en a suffisamment en Normandie et continue à distribuer ses revenus.

Il meurt au début de l'an 1214, laissant à ses trois filles, Pernelle, Jeanne et Mathilde, l'administration de ses biens, son fils, Guillaume, étant mort sans héritiers avant lui.


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Les plages de Normandie

Il n'y a pas que les plages du débarquement en Normandie. Il y a aussi celles de la Seine Maritime.
Des plages qui n'ont d'intérêt que lorsque il fait gris. Les galets prennent une couleur claire qu'on remarque tout de suite mieux qu'au soleil.

Lorsqu'il y a du vent, on oublie la déception de ne pas pouvoir s'allonger paresseusement sur une serviette de bain sous peine de repartir avec la marque de tous ces galets dans le dos.

Il y a des bancs pour s'asseoir et regarder la mer. Ce banc, dont on aperçoit un petit bout sur la photo ci-dessus court tout le long de la plage.
On en voit un autre petit morceau sur cette autre vue. Je pourrais rester des heures à regarder la mer assise sur ce banc.


D'ailleurs, si je vous disais ce qui peut arriver sur ces plages, je suis certaine que vous ne me croiriez pas. Mais vous avez toujours la ressource de demander à ces mouettes rieuses, elles ont tout vu. Mais comprendrez-vous ce qu'elle vous disent ?


Ha ha ha ha ha ! voilà ce qu'elles disent.

L'Eure de la médecine.

Il y a un an, Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, indiquait que les blocs opératoires pratiquant moins de 1.500 actes chirurgicaux par an pourraient être fermés.

Dans l'Eure, trois petits centres hospitaliers étaient concernés, Pont-Audemer, Gisors et Bernay.
Si ces fermetures sont réellement effectuées, les Eurois seront en danger. L'Eure est déjà l'un des départements de France où la médecine est la moins présente.
Les services de garde normalement effectués à tour de rôle par les médecins se résument souvent à un simple message sur répondeur enjoignant ceux qui sont dans la détresse d'appeler le 15.
Le 15 vous envoie une ambulance privée qui vous transporte, mort ou vif, et souvent dans de très mauvaises conditions, au service d'urgence le plus proche.

Le service d'urgence le plus proche de l'endroit où je vis est l'hôpital de Bernay.
Il y a déjà quelques années, d'importants travaux ont été entrepris pour doter l'hôpital de nouveau locaux. Les bâtiments existant datant d'Anne de Ticheville, créatrice de l'hôpital en 1706.
On voit sur ces photos que c'était urgent.





Sous couvert de plus de sécurité pour les patients, on va transformer tout le département de l'Eure en désert médical. Il détient déjà le record du temps le plus long pour intervenir en cas d'urgence et celui du plus petit nombre de médecins eu égard à sa population. Il y a de plus en plus d'endroits où les médecins refusent de se déplacer, laissant des personnes âgées, handicapées ou gravement malades sans assistance.
C'est un souci permanent, il n'y a déjà presque rien mais on va fermer les seules structures existantes.
Ne me parlez pas du nouvel hôpital d'Evreux, c'est une sorte d'immense usine où il est plus facile de se perdre que dans le Sahara. La seule chose qu'ils pourraient faire pour aider les patients serait de leur donner une pelote de laine pour qu'ils puissent, comme Ariane dans le labyrinthe, retrouver la sortie. C'est inhumain.

Je rêve d'un accident à la Ferrière sur Risle, dans lequel des membres du gouvernement, madame Bachelot compris, seraient blessés et ne pourraient compter que sur le maire en pyjama et l'épicier en caleçon pour tenter de les maintenir en vie tandis que les médecins du canton dorment sur leurs deux oreilles.
La Ferrière sur Risle-Evreux, c'est 40 km de petites routes de forêt, avec cervidés et sangliers en bordure de fossé. La longueur du trajet leur permettrait de réfléchir à la rentabilité du service de santé.

Dans cette vidéo, madame Gorenflot, directrice de l'hôpital de Bernay, et le docteur Faggianelli, chef du service d'obstétrique font leurs observations.